Cela fait un mois depuis que la maison centrale a été attaquée par un commando armé. Lors de ce raid dirigé par Verny Pivi, fils du colonel Claude Pivi, quatre détenus dans le cadre du procès sur le massacre du 28 septembre 2009 avaient été exfiltrés de la prison. Dans ce quatuor composé de Dadis Camara, Thiegboro Camara, Blaise Goumou, Claude Pivi, seulement le dernier cité est toujours en cavale. Sa tête a pourtant été mise à prix pour 500 millions de francs guinéens.
Un mois après les faits, maitre Paul Yomba Kourouma révèle qu’il avait averti sur des risques d’incidents à la grande prison de Conakry. Dans cet entretien avec Africaguinee.com, l’avocat de Toumba Diakité fait aussi le « procès » du ministre Charles Wright l’accusant d’être métamorphosé. Le grandiloquent avocat assume avoir divisée la Défense dans le procès sur les exactions de 2009. Entretien !
RTMTVPOLITIQUE.COM : Suite à l’attaque de la maison centrale, les avocats constitués pour la défense des accusés du massacre du 28 septembre 2009 ont suspendu leur participation au procès pour dénoncer un certain nombre de difficultés liées à l’accès de leurs clients détenus à la maison centrale. Moins de 48h après le blocus a été levé. Peut-on dire que la pression a payé ?
MAÎTRE PAUL YOMBA KOUROUMA :
Elle a payé et elle devrait payer. Il le faut parce que l’Etat de Droit ne peut passer que par le respect des droits et libertés individuelles et privées. Charles Wright ne peut ignorer le savoir. C’est lui qui a organisé, orchestré ça. Et c’est lui qui doit réparer. S’il veut conduire nos clients au bagne, mais que ça se passe par le respect des droits individuels et privés.
Charles Wright nous étonne et nous exaspère. Il est à la fois un magistrat, un homme politique, mais il ne sauvegarde rien de tous ces acquis qu’il a. C’est ça le problème de Charles Wright. C’est un homme que j’ai vu très digne. Un monsieur que j’ai trop respecté, que j’ai tellement considéré, mais il s’est transformé, il s’est métamorphosé. Charles ignore que tout change, tout bouge, rien n’est statique sur terre.
Il est allé jusqu’à ignorer nos droits, même pour les petites primes que nous avons. Alors que ce que nous gagnons, ce sont nos primes de consultation. Nous ne travaillons pas pour la gloire. Nous travaillons pour l’honneur de notre pays, pour la gloire de notre pays, pour la faveur qui a été faite à la Guinée d’abriter pour la première fois, un procès pénal international. C’est pour cela, moi j’ai divisé la défense. C’est moi qui ai divisé la défense. Et je m’en rends compte coupable. C’est moi qui ai divisé la partie civile. J’ai participé à sa scission, pour qu’enfin, le droit se dise. Je m’en rends coupable si c’est répréhensible.
Vous le ne regrettez pas ?
Oui. Il le fallait. D’abord Paul Yomba est un vieux qu’il ne faut pas respecter hein, parce que moi j’aime rentrer à la maison avec des plaies. Si je n’ai pas d’égratignures, moi je préfère provoquer quelqu’un pour rentrer à la maison. C’est pourquoi je suis l’ami de tous les jeunes avocats. Je suis le confident de tous les avocats. Je suis le conservateur foncier de tout ce qu’ils ont. Et je souhaite qu’ils (avocats) aient longue vie, pour que, un jour, je ne parle pas d’eux lorsque sera venu, l’heure du rappel à Dieu.
Je suis l’homme qui n’a jamais été d’accord avec aucun ministre de la République. Mais surtout les ministres de la justice et après, je crois qu’on a réconcilié. Mais tant qu’ils exerçaient, Paul Yomba était leur adversaire. Je ne connais aucun ministre. Moi je n’ai pas besoin d’un ministre.
Mieux vaut être avec le bas peuple. Je suis avec tout le bas peuple. On m’appelle Kirikou. Je suis Kirikou. Si vous voulez me retrouver, dites seulement Kirikou. Et ça c’est à l’attention de la police et à tous ceux qui veulent m’entendre. Ce que moi je dis à la presse, c’est ce que je dis dans mon téléphone et partout. On n’a pas besoin de m’espionner. Cela l’a été sous Alpha Condé, ça l’a été sous Lansana Conté (…) Moi, on ne peut pas me changer. Je suis invariable. Je suis là, à la disposition du droit et de l’état de droit. Je ne suis pas un mendiant, je ne le serai jamais.
Vous êtes sûr que vous êtes espionné ?
Oui. Vous ne pouvez pas croire que, d’abord depuis sous Lansana Conté, six ans, j’ai été sous la DSP, que je respecte. C’est un grand organe de renseignement, que moi-même Paul Yomba, je respecte. Si elle veut vous faire dormir, elle vous fera dormir. Si elle veut vous faire réveiller, elle vous fera réveiller. Je respecte aussi la DPJ.
Après la Russie en matière de renseignement, je range mon pays, la Guinée. D’abord ils sont beaucoup, ceux qui ont été formés là. Les pays de l’Est, ont formé de grands agents. Moi je ne suis pas d’accord qu’on mette à la retraite vieux agents. Ce n’est pas bon. S’ils sont rattrapés par l’âge, qu’on les mette dans le cadre informel et qu’ils soient là. Parce que, quand une police se tait même pour 2 minutes, ce n’est pas bon pour le pays. Et c’est ce qui est arrivé même à Alpha Condé… Et vous verrez que ce qui est arrivé le 4 novembre, ce n’est pas parce que la police s’est tue. Moi je respecte la police de mon pays.
Voulez-vous dire qu’on vous avait mis la puce à l’oreille comme quoi, ça allait arriver ?
Oui, c’est vrai. J’avais prévenu. J’avais prévenu que Verni Pivi aurait réagi et rétroagi. Voici un homme que j’ai félicité le 5 novembre, le lendemain même. J’aime un fils qui est né d’une bonne généalogie, dont les gènes inoculent les gènes de son père. Même si Verni avait tué, moi je l’aurais défendu. Voici un bon fils. En présence de la gendarmerie, en présence de la police, en présence des chars combats, Verni Pivi et son équipage à moindre nombre, ont pu tout désarmer et dans la plus grande élégance, a procédé à l’enlèvement de son père, qui est d’ailleurs un de mes adversaires que je respecte.
Et je prie qu’il ne revienne pas ! S’il doit revenir, je prie aussi qu’il ne soit pas offensif. Pivi, si tu es sorti de là, vas-y en paix mais laisse le pays en paix. Ta sortie est justifiée. Vas-y. Et fais tout ce que tu peux, mais pour ta survie seulement. Je te respecte, je respecte ton fils. Mais sache que tu es ma cible, et que je dois parler un peu mal de toi pendant ma plaidoirie.
A suivre…
AMADOU Diallo
Pour rtmtvpolitique.com